Quels sont les risques à construire une maison sur un sol argileux ?

Publié le 16 octobre 2018 - Mis à jour le 18 novembre 2018
À cause de la sécheresse ou de fortes pluies, les maisons risquent de se fissurer si des mesures relativement simples d’adaptation du bâtiment ne sont pas prises. La raison : le retrait-gonflement des sols argileux. Explications.
La majorité des maisons individuelles de Saint-Brice-sous-Forêt sont construites sur des sols à dominante argileuse. Selon la carte du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), une importante partie se situe en zone d’aléa moyen et une légère partie en zone d’aléa fort.
Rien de surprenant : en France, près de 400 000 maisons sont construites sur des sols classés en « zone d’aléa fort ». Le Bassin parisien est l’une des régions les plus touchées : plus de 500 communes sont exposées à ce risque en Île-de-France.
Quelles conséquences ? La sécheresse, ou à l’inverse, de fortes pluies, risquent de causer d’importants dégâts sur les habitations. Peuvent apparaître alors des fissures sur les structures, des distorsions des portes et fenêtres, un décollement des bâtiments annexe ou encore une dislocation des dallages et cloisons. Pire : les maisons peuvent s’effondrer.
Ces désordres évoluent d’abord lentement puis s’amplifient lorsque le bâtiment perd de sa rigidité et que la structure originelle des sols s’altère. La lenteur et la faible amplitude du phénomène de retrait-gonflement le rendent sans danger pour les personnes. Néanmoins, l’apparition de tassements différentiels peut avoir des conséquences importantes sur les bâtiments à fondations superficielles.
Un phénomène méconnu et coûteux pour les habitants
Le phénomène en cause, que les assureurs identifient sous la dénomination « d'aléa de retrait-gonflement des sols argileux », est mal connu mais peut s'avérer coûteux pour les habitants. Il s'agit d'un phénomène naturel qui touche essentiellement les maisons construites sur des sols argileux.
Un sol argileux change de volume selon son humidité comme le fait une éponge. Il gonfle avec l’humidité et se resserre avec la sécheresse, entraînant des tassements verticaux et horizontalement, des fissurations du sol. L’assise d’un bâtiment installé sur ce sol est donc instable. En effet, sous la construction, le sol est protégé de l’évaporation et sa teneur en eau varie peu au cours de l’année ce qui n’est pas le cas en périphérie. Les différences de teneur en eau du terrain, importantes à l’aplomb des façades, vont donc provoquer des mouvements différentiels du sol notamment à proximité des murs porteurs et aux angles du bâtiment.

Le phénomène est influencé par deux types de paramètres
- Les paramètres naturels :
- la géologie : les retraits-gonflements se développent dans les argiles, de manière plus ou moins prononcé suivant le type d’argile
- l’hydrogéologie et la météorologie : les variations de teneur en eau des terrains sont un paramètre essentiel conditionnant l’intensité de ce phénomène. La fluctuation des nappes souterraines due aux précipitations constitue un facteur aggravant.
- la végétation : la présence d’arbres ou d’arbustes augmente l’intensité du phénomène, par l’action de pompage par ces végétaux de l’eau contenue dans le sous-sol.
- Les paramètres anthropiques : les variations de la teneur en eau dans les sols, suite à une activité humaine, peuvent accentuer l’intensité du phénomène.
Le retrait-gonflement affecte principalement les maisons individuelles. En effet, la structure de ces bâtiments, légers, peu rigides et fondés de manière superficielle par rapport à des immeubles collectifs, les rend plus vulnérables à des mouvements du sol d’assise.
Les maisons individuelles sont généralement construites sans études géotechniques préalables qui permettent de détecter la présence d’argiles gonflantes et d’intégrer ce risque à la conception du bâtiment
Depuis la vague de sécheresse de 1989/1991, le phénomène de retrait-gonflement est intégré au régime assurantiel des catastrophes naturelles mis en place par la loi du 13 juillet 1982. Il est bon de rappeler que, à Saint-Brice-sous-Forêt, des mouvements de terrain consécutifs à la sécheresse entre juin 1989 et décembre 1990 ont été enregistrés, JO du 19/07/1991.
Trois recommandations à suivre en matière de construction
La prévention du risque lié au retrait-gonflement des sols argileux n’interdit pas la constructibilité d’un terrain mais nécessite la mise en œuvre de mesures relativement simples d’adaptation du bâtiment si celui-ci se situe dans une zone exposée au risque de retrait-gonflement des sols argileux :
1. Adapter les règles de construction concernant les projets de maisons individuelles et leurs extensions
La profondeur des fondations doit tenir compte de la capacité de retrait du sous-sol. À titre indicatif, on considère que cette profondeur d’ancrage doit être au moins égale à celle imposée par la mise hors gel et atteindre au minimum 0,80 mètres en zone d’aléa faible et moyen et 1,20 mètres en zone d’aléa fort. En outre, les fondations doivent être ancrées de manière homogène sur tout le pourtour du bâtiment. En particulier, les sous-sols partiels qui induisent des hétérogénéités d’ancrage sont à éviter. Il convient de préférer les sous-sols complets aux sous-sols partiels et les radiers ou planchers sur vide sanitaire plutôt que les dallages sur terre-plein.
La structure du bâtiment doit être suffisamment rigide pour résister à des mouvements différentiels, d’où l’importance des chaînages horizontaux et verticaux convenablement armés. Deux éléments de construction accolés et fondés de manière différente doivent être désolidarisés et munis de joint de rupture sur toute leur hauteur pour permettre des mouvements différentiels.
2. Éviter les variations d’humidité autour du bâti
Tout élément de nature à provoquer des variations saisonnières d’humidité du terrain (arbre, drain, pompage ou au contraire infiltration localisée d’eaux pluviales ou d’eaux usées) doit être le plus éloigné possible de la construction. Il convient de privilégier le rejet des eaux pluviales et des eaux usées dans les réseaux collectifs lorsque ceux-ci existent. En outre, on considère que l’influence d’un arbre s’étend jusqu’à une distance égale à au moins sa hauteur à maturité. Sous la construction, le sol est à l’équilibre hydrique alors que tout autour il est soumis à évaporation saisonnière, ce qui tend à induire des différences de teneur en eau au droit des fondations. Pour l’éviter, il convient d’entourer la construction d’un dispositif, le plus large possible, sous forme de trottoir périphérique ou d’un écran anti-racines, qui protège sa périphérie immédiate de l’évaporation.
3. Contrôler la végétation autour du bâti
Toute plantation d’arbre ou d’arbuste à une distance de tout bâtiment existant ou de projet de construction, inférieure à sa hauteur à maturité est à proscrire. Par ailleurs, il est nécessaire de procéder à l’élagage régulier des plantations existantes.
Comment faire face au risque de retrait-gonflement du sol ?
Si vous souhaitez construire, aménager ou rénover votre maison si celle-ci se trouve sur un sol argileux, la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France vous donne plusieurs conseils sur cette plaquette Les constructions sur terrains argileux en Île-de-France (pdf - 1,02 Mo)
À voir aussi
- Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France
- Portail de la prévention des risques majeurs du ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable
- Bureau de recherches géologiques et minières
- Agence qualité construction
- Caisse centrale de réassurance
Pour aller plus loin
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