Charlotte Barillet, rescapée de la Rafle du Vel d’Hiv

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Publié le 11 juillet 2022 - Mis à jour le 05 août 2022

Pendant la cérémonie d’hommage aux victimes de la rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, Charlotte Barillet nous livrera son récit de cet évènement tragique. Un témoignage rare.

Parc Alain Lorand

14 rue de Paris / rue Pierre Salvi
95350 Saint-Brice-sous-Forêt

Ouvert du 1er avril au 30 septembre de 7h à 22h et du 1er octobre au 31 mars de 7h à 21h.

Comme si cela s’était passé hier. Quatre-vingts ans après la rafle du Vel d’Hiv, le souvenir reste intact pour Charlotte Barillet. Cette française d'origine polonaise, aujourd'hui âgée de 89 ans, raconte les conditions dans lesquelles elle a échappé à la Rafle du Vel d’Hiv.  

À l’époque, Charlotte, neuf ans, vit dans le 12e arrondissement de Paris avec son frère, sa sœur et sa mère dans un petit deux pièces plutôt spartiate : « Mes parents parlaient le polonais entre eux. Je ne savais pas que nous étions juifs et je ne me souviens pas d’une quelconque pratique religieuse à la maison. Mon père, David Storch – qui avait dû se faire recenser pour être en règle avec la loi – a été arrêté le 14 mai 1941, sur convocation du fameux « billet vert ». Interné à Beaune-la-Rolande, il a été déporté à Auschwitz le 27 juin 1942 dans le convoi n°5. »

Le 16 juillet 1942 à 4h du matin débute la rafle la plus massive de Juifs réalisée en France.

La veille de la rafle du Vel d’Hiv, ma mère et les autres mères de famille de notre rue ont été prévenues par un voisin travaillant au commissariat de police du 12e, qu’il allait se passer quelque chose de grave pour nous.

Citation de Charlotte Barillet

« La veille de la rafle du Vel d’Hiv, ma mère et les autres mères de famille de notre rue ont été prévenues par un voisin travaillant au commissariat de police du 12e, qu’il allait se passer quelque chose de grave pour nous. Effectivement, dans la nuit du 16 juillet (ou peut-être au petit matin) des camions sont arrivés dans l’impasse où nous habitions. » se souvient Charlotte Barillet.

Les évènements sont comme gravés dans sa mémoire. Charlotte nous parle ensuite du courage de sa mère. « Elle n’a pas répondu à l’appel des policiers venus nous arrêter. Elle se tenait derrière les volets fermés. Les policiers ne sont pas montés dans les étages et se sont contentés d’appeler les noms des familles… Plusieurs familles sont descendues et les camions sont repartis. Une amie dans l’immeuble nous a cachés dans un premier temps ».

À partir de ce 16 juillet 1942, Charlotte, sa petite sœur et son petit frère seront séparés de leur mère. Ils réussiront à se cacher jusqu’à la fin de la guerre. Leur mère, non plus, ne sera jamais arrêtée. « Elle a échappé plusieurs fois à des rafles et arrestations en changeant de caches. Elle a toujours veillé sur nous, même de loin, et a su nous protéger en liaison avec nos nourrices ».

Ce récit aussi glaçant qu’émouvant, les Saint-Briciennes et Saint-Briciens pourront le découvrir dans son intégralité lors de la cérémonie à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites et d’hommage aux « Justes ». Ce douzième arrondissement de Paris, Charlotte Barillet retournera y vivre en 1973. Elle y habite toujours aujourd’hui.  

Plus de 13 000 juifs arrêtés

Le 16 juillet et les jours suivants, à la demande des Allemands, plus de 13 000 Juifs - dont 4 115 enfants - sont arrêtés à leur domicile à Paris et en banlieue, par 9 000 fonctionnaires français, dont environ 5 000 policiers sous les ordres de René Bousquet, chef de la police de Vichy. Retenus dans des conditions inhumaines pendant quatre jours, ils furent entassés sur les gradins du Vélodrome d'hiver (démoli en 1959), voué aux courses cyclistes, avant d'être emmenés dans des camps du Loiret. Là, 3 000 enfants en bas âge furent brutalement séparés de leurs parents, déportés les premiers vers Auschwitz. Moins d'une centaine de ces raflés - et aucun enfant - survécurent.
Le 16 juillet 1995, à l'occasion des cérémonies commémorant le 53ème anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv, Jacques Chirac, fraîchement élu à la présidence de la République, admettait officiellement la responsabilité de la France dans la déportation, l'extermination et l’anéantissement de près de 76 000 Juifs qui vivaient dans le pays durant la Seconde Guerre mondiale.

Infos pratiques

Dimanche 17 juillet, à 12h15
Parc de l’ancienne mairie

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