Génocides des Arméniens et des Assyro-Chaldéens : un devoir de mémoire

Publié le 17 avril 2023 - Mis à jour le 28 avril 2023
Le 8 février dernier, le Sénat français votait à écrasante majorité la reconnaissance française du génocide des Assyro-Chaldéens de 1915-1918. Génocide qui aura fait 250 000 morts.
Au même titre que les Arméniens, les Turcs ont exterminé toutes les autres communautés chrétiennes présentes en Turquie et sur le front turco-persan. Il y avait des Assyriens, des Chaldéens et des Syriaques.
Un génocide méconnu
Contrairement au génocide arménien, reconnu par de nombreux pays et organisations internationales, considéré comme l'un des quatre génocides officiellement acceptés par l'ONU, le massacre des Assyro-Chaldéens n’est pas reconnu par tous en tant que génocide. Tout d’abord, la Turquie refuse de qualifier de « génocide » les massacres arméniens et syriaques. Ce manque de reconnaissance est également dû au fait que la nation assyro-chaldéenne est méconnue. En effet, ayant été réduit de plus de la moitié entre 1915 et 1918, ce peuple a souffert tant au niveau politique que social, économique, identitaire et démographique. Cependant depuis l'émigration des Assyro-Chaldéens en Europe, aux États-Unis et en Océanie au cours des années 1970 à 1990, pour fuir les persécutions subies dans leurs terres natales (Turquie, Irak, Syrie, Iran et Liban), une lutte croissante s'organise pour la reconnaissance. Tout ceci explique que la reconnaissance soit assez récente.
Un peu d’histoire
Les Assyro-Chaldéens ont été victimes d’une extermination de masse entre 1915 et 1918, commis par l’Empire ottoman en Anatolie orientale, au nord-ouest de l’Iran, où plus de 250 000 d’entre eux ont été massacrés sur une population de 550 000 personnes. Soit un Assyro-chaldéen sur deux. Cette minorité chrétienne a été exterminée par l’Empire ottoman dans les mêmes conditions que les Arméniens. Les Assyro-Chaldéens ont d’ailleurs inventé un mot pour désigner ce massacre : « Sayfo », qui signifie « épée » en araméen.
Ce génocide physique et cette spoliation des terres et des biens étaient accompagnés d'atteintes graves à l'héritage culturel. Des monuments historiques ont été détruits et laissés à l'abandon, des églises profanées et des écoles démolies. Des bibliothèques contenant des livres rares et de riches manuscrits ont été dilapidées et détruites.

Joseph Yacoub est politologue et historien d'origine assyro-chaldéenne-syriaque, professeur honoraire de sciences politiques à l'Université catholique de Lyon et premier titulaire de la chaire UNESCO « Mémoire, cultures et interculturalité » de ladite Université. Il nous avait fait l’honneur de sa présence lors de la cérémonie commémorative du génocide arménien et assyro-chaldéen en 2021.
Le génocide arménien
Le génocide arménien a été perpétré d’avril 1915 à juillet 1916. Au cours de ce dernier, deux tiers des Arméniens vivant sur l’actuel territoire de la Turquie ont été assassinés, soit environ 1,5 million de personnes. Le génocide commence avec l’arrestation de centaines d’intellectuels et notables arméniens. Le pouvoir en place, les Jeunes-Turcs (nom donné au Comité Union et Progrès), donne ensuite l’ordre de déporter les populations arméniennes, prétextant une simple relocalisation. Cependant, durant ces déportations la population est décimée, et pour ceux qui survivent, ils seront placés dans des camps où ils seront exterminés.
Infos pratiques
Cérémonie commémorative du génocide des Arméniens et Assyro-Chaldéens :
Lundi 24 avril à 11 h à la stèle du monument aux morts dans le parc de l’ancienne mairie
La commémoration sera suivie d’un moment de convivialité à l’école Jean de la Fontaine
Imprimer